top of page

La coupe du monde au centre de tous les débats

La compétition sportive la plus regardée du monde se déroule au Qatar depuis le 20 novembre et fait beaucoup parler d’elle. Boycott, manifestations, scandales, … Quels sont les tenants et les aboutissants de cette affaire ?



Une magouille géopolitique ?

La nomination du Qatar a fait beaucoup parler. En effet, nombreux sont ceux qui accusent la FIFA de corruption : le Qatar avait pour certains le plus mauvais dossier des pays hôtes, et aurait usé de méthodes de lobbying et de marchandage financier pour acheter les votes de la FIFA. Depuis 2016, la justice tire les fils de l’attribution du Mondial de football au Qatar pour savoir si la France a monnayé son soutien en échange de contreparties, dont la vente de Rafales. L’hexagone aurait utilisé son soft-power (capacité d’un pays à influencer un autre sans l’usage de la force) afin d’aider les Qatariens en Occident, on pense au rachat du PSG en 2011 par exemple. La France a d’ailleurs envoyé 200 gendarmes et policiers au Qatar pour aider l’émirat dans l’organisation de l’évènement.


Une catastrophe sociale ?

C’est certainement ce qui a choqué le plus de monde : ce chiffre terrifiant reporté par la média anglais The Guardian : 6500 ouvriers sont morts en construisant les stades et des milliers d’autres se sont blessés. Le Cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, dirigeant du Qatar, dément ces chiffres ahurissants et ne reconnait que 37 décès (c’est tout de même beaucoup), mais il est difficile de croire l’organisateur de la compétition qui a tout intérêt à donner une bonne image de l’événement.


www.amnesty.be

Un désastre environnemental ?

Bien que la compétition ait été déplacée en hiver, les stades seront largement climatisés. La nomination d’un pays dans un désert pose alors encore plus question. Cependant, même climatisés, les stades utilisent 40% d'énergie de moins que les standards internationaux, se vantent les organisateurs. En réalité, la consommation d'énergie liée au fonctionnement de ces stades ne représente qu'une faible part de leur impact climatique. Produire du béton, du ciment, de l'acier, du verre, émet des quantités faramineuses de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Se pose aussi la question de l’utilisation des stades après le mondial. Les organisateurs assurent une reconversion des stades en centres commerciaux et hôtels pour certains, les autres continueront à accueillir des équipes. Ces projets de reconversion restent tout de même peu détaillés et souvent peu crédibles notamment dans une péninsule de 2,5 Millions d’habitants. De plus, le pont aérien pour acheminer les supporters qui logeront à Dubai (près de 160 vols journaliers) implique une fois encore une pollution aberrante.


Une controverse éthique

Au Qatar (monarchie autoritaire islamique), les droits élémentaires et fondamentaux des citoyens, notamment des femmes, des minorités, dont les homosexuels, sont bafoués quotidiennement. La loi du pays, basée sur la Charia, est en totale contradiction avec les valeurs du sport telles que l’inclusion, la tolérance et le respect. Les touristes étrangers devront se plier aux lois contestées de l’émirat : seize pages de consignes strictes et de recommandations ont été diffusées le jeudi 29 septembre par le Qatar à destination des supporters et personnes accréditées qui assisteront à la Coupe du monde de football. Par exemple, il est strictement interdit d’approcher une femme avec les mains, de l’étreindre : « Vous pouvez saluer les femmes verbalement en gardant une certaine distance », indiquent les autorités. D’une façon générale, on ne serre pas la main d’une personne de sexe opposé, mais on peut la saluer en posant la main droite sur le cœur. La loi qatarienne criminalise l’homosexualité et les relations sexuelles hors mariage qui sont punies par la loi et passibles d’une peine de prison. Font également l’objet de poursuites, le harcèlement, l’outrage public à la pudeur, etc. Ces infractions sont punies d’une peine d’emprisonnement et/ou d’expulsion du territoire.


C’est donc dans ce contexte que se déroule la coupe du monde 2022. Beaucoup ont par conséquent décidé de la boycotter. Mais est-ce vraiment la solution ? Déjà, on peut dire que c’est trop tard. La nomination du Qatar s’est faite il y a plus de 10 ans et de nombreuses organisations avaient prévenu que ce choix était assez critiquable. Ensuite, on peut se demander si le boycott aura vraiment un impact sur le mondial. Étant déjà lancé, organisé, payé, il n’y a aucune chance que la compétition s’arrête. Il est toutefois possible que cela serve pour les prochains mondiaux en inscrivant dans les critères d’éligibilité des normes environnementales et éthiques.


Pour protester, les capitaines de huit sélections européennes avaient décidé de porter en septembre un brassard arc-en-ciel : l'Allemagne, l'Angleterre, la Belgique, le Danemark, la France, les Pays-Bas, le Pays de Galles et la Suisse. Cette initiative appelée “One Love” a fini par céder sous la pression de la FIFA. En France, le capitaine Hugo Lloris a tenu à rappeler qu’aller dans un pays étranger, c’est se plier à ses normes et valeurs. Cette position est décriée par de nombreux militants qui disent que l’homophobie et le sexisme ne sont pas des coutumes.

De son côté, Emmanuel Macron ne veut pas politiser le sport et se positionne contre le boycott. Cette remarque a fait réagir le député Alexis Corbière du groupe "La France Insoumise" (parti de Jean-Luc Mélenchon). Il regrette "une Coupe du monde de toutes les aberrations : sociales, écologiques, démocratiques" et demande au président de ne pas se rendre à Doha pour la finale tout en dénonçant l’hypocrisie de Macron. Il est en effet difficile d’oublier le geste fort de Tommie Smith et John Carlos levant le poing aux Jeux Olympique de Mexico de 1968 pour protester contre le racisme et les inégalités aux Etats-Unis à cette époque, un geste extrêmement politique. Pour résumer les avis politiques des partis de l’hémicycle, la gauche appelle au boycott politique de la compétition, tandis que la droite et le gouvernement, pourtant critiques des dérives environnementales et sociales de l’émirat, refusent que la France n’y soit pas représentée. En fait, les politiques de droite et d’extrême-droite disent que cette Coupe du monde n’aurait jamais dû avoir lieu au Qatar et qu’il est bien trop tard pour protester. En bref, le boycott parait aujourd’hui illusoire et tient plus du symbole (d’autant plus que la plupart de ceux qui le font n’ont jamais vraiment regardé le foot) mais peut forcer la FIFA à faire de meilleurs choix à l’avenir.



4 vues0 commentaire
bottom of page