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Fast fashion : les petits prix ont un prix

Chine, Inde, Vietnam, Cambodge, Bangladesh,... C’est de là que sortent les vêtements que nous sommes des millions à acheter chaque jour. Zara, H&M, Bershka, Primark, entre autres, nous les vendent. C’est au milieu des années 90 que toutes ces enseignes commencent à faire fortune selon un modèle aussi simple que cynique : vendre à ceux qui habitent dans des pays riches, des produits fabriqués par ceux qui habitent dans des pays pauvres. Autant de marques auxquelles on doit d’avoir démocratisé la mode, et engendré des empires qui ont en commun d’être incroyablement rentables, incroyablement polluants, incroyablement destructeurs socialement.

Traditionnellement, l’industrie de la mode produisait deux collections par an, l'une en été, l'autre en hiver. Aujourd’hui, la fast-fashion correspond au renouvellement des collections de manière intensive et massive. Ainsi, toutes les semaines, de nouvelles collections sont proposées en magasins à prix toujours plus bas. Par exemple, l’industrie Shein, créée en 2008 et qui a connu une grande ascension ces dernières années, met sur le marché jusqu’à 6 000 modèles par jour ! La dimension économique prime au détriment des aspects écologiques et sociaux. La mode jetable répond autant qu'elle alimente une demande qui vient de nous, consommateurs. Avec une qualité moindre, des vêtements produits et des tendances toujours plus éphémères, le phénomène de surconsommation s’en trouve amplifié. Cette production et surconsommation de masse sont à l’origine du désastre socio-environnemental de l’industrie textile aujourd'hui.


Une mode qui coûte à la planète : la mode est la 2ème industrie la plus polluante après le pétrole.

La production des matières premières : le polyester est une fibre synthétique dérivée du pétrole, libérant des milliers, voire des millions de microfibres à chaque lavage en machine. Lesquels finissent dans la mer, et mettent des centaines d’années à se dégrader. Quant au coton, sa production abuse des engrais et des pesticides. Les matières animales sont aussi utilisées : le cuir, la laine, la soie, la fourrure sont très recherchées. Mais cela a encore un prix, celui de la trop fréquente maltraitance animale, et de l’élevage intensif.

Les transports : avant de vivre mille aventures avec nous, nos habits ont déjà eu une vie bien remplie. Les vêtements, sacs et chaussures sont souvent fabriqués à l’autre bout du monde. Afin de livrer les boutiques rapidement et de suivre le rythme effréné des changements de collections, le transport doit être régulier et rapide. C’est pourquoi l’avion est souvent le moyen de transport le plus utilisé. Or, on le sait tous, le transport est émetteur de gaz à effet de serre. Ainsi, les 1,2 milliards de tonne de GES produits par la mode, viennent de la fabrication et du transport des produits.

Le gaspillage : Pour ne rien arranger, le gaspillage vestimentaire est lui aussi un fléau ! Selon Novethic, expert en finances durables, l’équivalent d’une benne de vêtements est jetée chaque seconde dans le monde 70% des vêtements qui sont dans nos placards ne sont pas portés en Europe, on jette 4 millions de tonnes de textiles chaque année Pour autant, nous ne sommes pas les seuls responsables de ce gaspillage vestimentaire, les marques de fast fashion sont tout aussi concernées ! En effet, pour que les prix soient abordables, les marques sont contraintes à produire en masse. Par conséquent, les invendus sont stockés, mais cela à un prix élevé : il est donc fréquent que ces marques aient recours à l’incinération des invendus.

Des océans détruits : on sait aujourd'hui que 500 000 tonnes de microparticules sont ainsi relâchées dans les océans, chaque année, dans le monde, soit l’équivalent de 50 milliards de bouteilles en plastique.

L'esclavage moderne

La fast fashion est responsable de maltraitance sur ses employés. Le choix des pays où sont produits et importés les vêtements est stratégique : en effet, la main d’œuvre y est moins dispendieuse, et la réglementation des engrais et pesticides n’a jamais été mise en place. En Europe, le droit du travail protège les employés quant à leurs conditions salariales, ce qui n'est pas le cas dans ces pays.

Les sweatshops sont des usines dans lesquelles les ouvriers sont exploités de manière forcée, et travaillent selon un volume journalier trop élevé, avec des jours de repos très insuffisants, et des heures supplémentaires pas toujours rémunérées. Ces ouvriers travaillent avec acharnement 16h par jour, et 7 jours par semaine dans des conditions beaucoup trop dangereuses, beaucoup trop misérables et beaucoup trop pitoyables. De nombreux accidents et morts sont recensés chaque année. On se souvient tous de l’effondrement du Rana Plaza en avril 2013, un immeuble dans lequel siégeaient cinq ateliers de fabrication de vêtements, effondrement qui a laissé derrière lui plus de 1 132 morts, et blessé environ 2 500 autres personnes.

Ensuite, les femmes, qui représentent 80% des employés, subissent du harcèlement sexuel, et beaucoup de discrimination, se voient fréquemment privées de congé maternité. Parlons des enfants : aujourd’hui, 170 millions d’enfants sont exploités par l’industrie de la mode, selon l’International Labour Organization. Ces enfants finissent souvent déscolarisés, et sont une cible particulièrement recherchée dans cette industrie. Ils sont reconnus comme très obéissants, faciles à « contrôler », et ne peuvent se rebeller pour avoir de meilleures conditions de travail. En outre, leur petite taille peut être un avantage pour certaines tâches, et les doigts fins sont de grande utilité ! Réfléchissons : pendant que nous nous plaignons, nous, lycéens, de nous ennuyer en cours, et de nos profs « trop cruels », d’autres enfants, à l’autre bout du monde, vivent dans ces conditions !

Un autre problème est celui des Ouïghours, une minorité réduite à l’esclavage à cause de sa religion, et forcée à la fabrication de vêtements en Chine. Aujourd’hui, ce sont environ 1,8 millions de personnes qui sont enfermées et internées dans des camps, et qui sont contraintes de procéder à des travaux forcés de récolte, ou de transformation et de confection de vêtements.

Quant au salaire de ces esclaves modernes, il est évalué à 30 euros par mois environ, ce qui est inférieur au salaire « décent » fixé à 53 euros. Il n’existe aucune protection sociale ni syndicale, aucune règlementation quant à la sécurité. Par exemple, la confection de vêtements bon marché entraîne généralement l’utilisation de produits hautement toxiques, qui empoisonnent aussi bien les personnes qui les manipulent que les populations locales. En effet, les usines déversent dans les rivières leurs eaux usées non traitées, contenant teintures, métaux lourds et autres substances toxiques. Dépendants de ces cours d’eau, les habitants sont forcés d’utiliser cette eau pour boire, se laver, arroser leurs champs, et contractent des handicaps physiques ainsi que des maladies endémiques telles que cancer, maladies gastriques et affections cutanées. Ne nous voilons pas la face : nous sommes là encore rassurés, ce ne sont pas nos sols, notre atmosphère qui risquent d’être pollués, mais les sols et l'atmosphère de ceux qui fabriquent nos vêtements, très loin de nous.


 

Que faire à mon échelle ?

Face à ce scandale environnemental et social, nous, lycéens et surtout adolescents, que pouvons-nous faire ?

On peut acheter de la seconde main, ressortir les vieilleries de papa et maman, prendre soin de ce qu’on porte, donner ce que l’on ne porte plus, apprendre à réparer des vêtements abîmés, ou à leur donner un tout autre aspect, on peut acheter moins mais acheter mieux. Bien sûr, l’entière responsabilité ne repose pas sur nous, consommateurs. La publicité, le marketing, et les opérations promotionnelles nourrissent continuellement notre insatiable besoin de nouveauté. Mais libre à nous de pas y céder. On sait bien que l’accumulation de vêtements ne rend pas plus heureux... Plutôt que de craquer sur le premier article venu, il faut prendre le temps de choisir, de sélectionner des pièces qui vont entrer dans nos vies. Il faut opter pour des matières de qualité. Il faut choisir des modèles dont on ne va pas se lasser au bout de quelques mois. En somme, il faut devenir conscients de nos actes !

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