D'après les rapports de la Fondation Jean Jaurès, de l'OMS et de l'UNESCO
La Covid-19 a déjà fait bien des ravages dans le monde
Il s’agit d’une des crises les plus dévastatrices de notre décennie, avec des conséquences économiques et sociales importantes, et qui remet en question les droits fondamentaux des populations.
L’éducation, un des plus puissants vecteurs de lutte contre la pauvreté (une année d’étude en moins, c’est 20% de revenus perdus sur une vie active) fait partie de ces droits, et on peut se demander quelles conséquences le confinement, mesure prise par bon nombre de pays, fermant tous les établissements publics y compris les écoles peut avoir sur les jeunes filles en situation précaire, dans les pays où les droits des femmes sont loin d’être une priorité, et où l’éducation est un des rares moyens d’échappatoire qu’elles peuvent avoir.
Plus de 11 millions de filles ne sont pas retournées à l’école depuis leur réouverture dans le monde, particulièrement en Afrique subsaharienne où déjà, avant l’épidémie, 9 millions de filles entre six et onze ans n’étaient pas scolarisées. On assiste à une recrudescence des mariages forcés et des grossesses précoces notamment au Sahel et au Nigeria, conséquences qui avaient déjà étaient remarquées lors de la diffusion du virus Ebola, faisant perdre au moins une vingtaine d’années dans la progression qui avait été faite pour l’éducation des jeunes filles. Ces dernières deviennent mères très tôt et doivent donc s’occuper de leurs enfants, ne laissant ainsi aucune place à l’apprentissage, en plus des lois et des normes sociales qui interdisent aux mères et aux filles enceintes de revenir à l’école. En Sierra Leone, en Guinée Équatoriale et en Tanzanie, une fille enceinte ou qui a eu un enfant n’a pas le droit à l’éducation. Par conséquent, elles et leurs enfants deviennent plus vulnérables à la violence, plus sujets à la pauvreté, la mauvaise santé et la marginalisation.
Il arrive que les autorités scolaires aient recours à des tests de grossesses forcés, stigmatisent et humilient les jeunes filles avant de les expulser. C’est pour cela que quand elles découvrent leurs grossesses, la plupart abandonnent l’école, ou tentent d’avorter, procédure souvent dangereuse car elles n’ont pas accès aux soins médicaux adaptés.
On peut donc observer le retour des réflexes conservateurs qui reviennent au galop en temps de crise, annulant tous les progrès qui avaient été faits entre temps. Mais si en Europe et en Occident, il ne s’agit que du retour de l’idéal stéréotypé de la « bonne ménagère », dû au retour des femmes au foyer qui ont été particulièrement surmenées et à la baisse du nombre de femmes dans le débat public et les processus de décision, il n’en est pas de même dans les pays d’Afrique, où on observe un retour vers les traditions, avec des mariages et grossesses forcées, et des mutilations génitales (excision, infibulation). En Afrique subsaharienne, un tiers des filles sont mariées avant même d’avoir atteint leurs 18 ans, une femme sur 3 est victime de l’excision, les grossesses chez les adolescentes (qui concerne 50% des naissances) pourraient empêcher un million de filles de retourner à l’école.
Comme l’avait déclaré Simone de Beauvoir, «il suffirait d’une crise sociale, économique ou religieuse pour remettre en cause les droits des femmes ».
On ne peut que se lamenter de voir que tous les progrès faits depuis plusieurs siècles aient pu être aussi facilement bafoués
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