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Gabrielle Chanson

"Papicha" : La mode contre l’oppression de la Femme

Après la journée du 14 septembre, le corps de la femme et le regard que la société porte sur celui-ci sont plus que jamais un sujet de débat. Il en est justement question dans le film "Papicha". Retour sur le film récompensé aux Césars 2020.


 

Papicha est un film franco-algérien sorti en France en octobre 2019. Il s’agit du premier long métrage de la documentariste franco-algérienne Mounia Meddour (Cinéma algérien, un nouveau souffle en 2011 ou La cuisine en héritage en 2009).

Le terme ‘’papicha’’ signifie ‘’jeune fille coquette’’ en dialecte algérien, l’équivalent de ‘’Lolita’’ en français.

L’intrigue se déroule dans une Algérie des années 90, à Alger. Nejma est une jeune étudiante pleine de vie, qui le jour étudie à l’université avec ses amies et la nuit se réfugie dans les plus grandes boîtes de nuit de la capitale. Aspirant à devenir styliste, elle y vend ses créations. Mais l’Histoire rattrape ces jeunes filles et le microcosme que constitue leur université. Face aux menaces qui planent et à la pression que subissent ces femmes, Nejma décide de faire un défilé de mode.


Les années 90 en Algérie sont aussi connues sous le nom de « décennie noire ». Dans un contexte politique très tendu, une véritable guerre civile ravage le pays. La terreur omniprésente, des attentats perpétrés par des groupes salafistes djihadistes constituent le quotidien des algériens de cette époque. Les intellectuels et les personnages importants du pays sont particulièrement menacés de morts, mais ce sont les femmes qui subissent le plus l’oppression.

La montée du radicalisme s’accompagne en effet de la restriction de leurs libertés via l’incitation au port de l’hidjab, voile intégral noir couvrant la quasi-totalité du corps.

 

Un symbole d'asservissement... détourné !

Le terme «hidja» signifie en arabe «dérober au regard, cacher». Dans le film, Nejma et ses camarades n’en portent pas. Toutefois, ce vêtement constitue une menace, quelque chose qui plane au-dessus d’elles tout au long du film. En effet, on voit dans plusieurs scènes la présence d’affiches de propagande, incitant à porter ce voile.

Ces affiches vont se retrouver sur les murs extérieurs de la cité universitaire, dans les couloirs du bâtiment, puis vont être distribuées dans les cours en amphithéâtre. La menace est grandissante, elle se rapproche de plus en plus. Pour Nejma, porter l’hidjab est synonyme d’absence de liberté : «on met un hidjab et on reste à la maison, c’est ça ?»,

demande-t-elle. La jeune femme nous dresse là un portrait de la femme soumise, enfermée et cachée, dont la vie se résume à s’occuper des enfants et des tâches domestiques. Le haïk quant à lui est un vêtement traditionnel du Maghreb, généralement de couleur blanche. Dans le film, le haïk est présenté par la mère de Nejma, vieille algéroise qui décrit ce vêtement traditionnel comme un symbole de pureté. La scène figure un moment de complicité entre la jeune femme, sa sœur et sa mère. Celle-ci leur enseigne la manière de porter ce vêtement, on comprend alors que son point de vue est prisonnier de la tradition. Plus que cela, elle a intégré le port du voile comme quelque chose de normal.

Nejma va alors s’approprier le haïk pour le remettre au goût du jour, moderniser une tenue archaïque. Elle détourne cet objet symbole d’asservissement pour permettre aux femmes de s'émanciper. Elle décide donc de faire un défilé de mode, en utilisant des haïks pour confectionner ses créations.

 
Si Papicha s’ancre dans la réalité algérienne des années 90, il n’en contribue pas moins à se poser la question : qu’en est-il aujourd’hui de la progression des droits de la femme ?
 

Le corps de la femme et la société

La nouvelle se répand vite dans l’entourage de Nejma. Dans un contexte tendu, les divergences se creusent entre progressistes et conservateurs, aussi bien hommes que femmes d’ailleurs.

En effet, c’est un groupe de femmes totalement voilées qui voient les jeunes papichas d’un mauvais œil et redoublent d’ardeur dans leur incitation au port de l’hidjab. Ni soumises par contraintes, ni bien sûr révoltées, ces femmes endoctrinées prônent bien plutôt cette entrave à la liberté ! Les jeunes algérois sont sans doute moins conservateurs que leurs aînés, mais tout de même gardent des idées arrêtées sur le sujet, signe qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire pour l’émancipation de la femme. Nous sommes toujours influencés par la société dans laquelle nous sommes nés et évoluons ! Le personnage de Karim par exemple, le petit ami de la copine de Nejma, voit dans la libération du corps de la femme, une forme de vulgarité et compare les jeunes étudiantes à des prostituées.


Débauchée, ou prude, la femme algérienne, selon Mounia Meddour doit en somme dépasser les clivages historiques !

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